Lübeck 1641

 

Signature de Buxtehude

 

1637-1707

 

1637

Dieterich* Buxtehude est né, probablement à Helsingborg**; il est le fils de Johannes Buxtehude, organiste à l’église luthérienne Sainte-Marie, et de son épouse (de laquelle nous ne savons rien). La date exacte de sa naissance n’est pas connue et même l’année de naissance est le résultat de calculs et non pas documentée. Helsingborg est une ville danoise bien nantie, située sur la côte est, donc suédoise, du détroit de Øresund entre la Suède et le Danemark, et elle appartiendra un peu plus tard aussi au Royaume Suédois. Le père est originaire d’Oldesloe (= Oldesloh) dans le duché de Holstein qui se trouve à mi-chemin entre Lübeck et Hamburg et qui est danois à l’époque.

* C’est ainsi qu’il écrit son prénom.
** Les villes marquées en rouge sont soulignées sur la carte contemporaine à droit.

1641

Le père de Dieterich, un musicien respecté, est nommé organiste à l’église paroissiale St-Olai à Helsingør, une ville de l’autre côté du détroit, au Danemark, à peu près 50 km au nord de Copenhague (= Koppenhavn) et face à Helsingborg. La forteresse de Kronborg domine la ville et est une importante source de revenus puisqu’elle elle est poste de douane et contrôle les navires marchands passant le Øresund.

La mère de Dieterich doit être décédée lorsqu’elle était jeune parce que le père se marie cette même année pour la deuxième fois, avec une femme danoise qui s’appelle Helle Jaspersdatter.

Pratiquement rien n’est connu de l’enfance de Dieterich. On suppose qu’il maîtrise aussi bien l’allemand que le danois; des documents existants qu’il a rédigé à l’âge d’adulte attestent à ce fait.

1643

Dès l’âge de six ans, les enfants des familles de situation aisée de Helsingør, dont Dieterich, vont à l’école dans l’ancien couvent des carmélites où le latin est enseigné. Les cours de la théorie de musique et du chant débutent dans la deuxième année d’études; le manuel est l’exigeant Heptachordum Danicum de Corvinus, en latin. Les écoliers forment la chorale paroissiale et parcourent la ville avant les fêtes réligieuses pour cueillir de l’argent pour les pauvres.

1645

Naissance de Peter, demi-frère de Dieterich; les rares renseignements relatifs à la famille Buxtehude proviennt du registre des baptêmes de St-Olai. Dans les années à venir, les frères auront encore au moins deux soeurs, Katharina et Anna, mais leurs dates de naissance ne sont pas connues.

1649

Au cours de cette année, le grand orgue dans l’église St-Olai est complètement révisé par le célèbre maître-organiste et facteur d’orgues Johann Lorentz de Copenhague; on suppose que Buxtehude père lui confie le petit Dieterich comme apprenti à cette occasion.

Donc, Dieterich grandit dans un environnement riche en musique, dans lequel on apprécie autant la musique de théâtre et du ballet que la musique sacrale. Ceci est possiblement une conséquence directe de l’intérêt que montrent les maisons royales de Suède et de Danemark pour la musique et le fait qu’elles attirent et engagent les meilleurs musiciens de l’Italie, de la France et de l’Allemagne.

1657

Il n’y a malheureusement aucun document qui nous ferait part de la formation professionelle de Dieterich Buxtehude. La biographie rédigée par André Pirro mentionne le grand nombre d’organistes et de compositeurs doués dans le nord de l’Allemagne et notamment à Hamburg et on pourrait s’attendre à ce qu’un jeune étudiant les connaisse et également les qualités particulières de leur musique. Au delà de ça on ne peut que spéculer si, et où, et pour combien de temps Dieterich étudie chez l’un où l’autre des grands organistes.

Mais maintenant, à l’âge de vingt ans, il exerce lui-même la profession d’organiste dans son a premier poste, à l’église Ste-Marie de sa ville natale de Helsingborg.

1658

À la fin de la Guerre du Nord, le Danemark est obligé de céder toute la province de Scania incluant la ville de Helsingborg aux Suédois, mais le traité de paix de Roskilde ne termine pas encore les hostilités entre les deux pays. Heureusement, Dieterich ainsi que ses parents de l’autre côté de l’Øresund, à Helsingør, se tirent indemnes des actions de guerre ainsi que de la peste qui fait des ravages à cette époque.

1660

Dieterich Buxtehude est nommé organiste à l’église de Ste-Marie à Helsingør; il succède à Klaus Dengel qui retourne à Schleswig, sa ville natale. Le salaire offert à Dieterich est trois fois plus élevé que celui à Helsingborg et il gagne maintenant soixante pour cent de plus que son père à St-Olai tout proche. Puisque la maison réservée pour l’organiste est lourdement endommagée, Dieterich, toujours célibataire, réside chez ses parents tout près. Il est déjà un musicien respecté avec ses 23 ans et dans les années suivantes l’orgue de son église est totalement renové selon ses directives, à grand coût.

Une seule de ses compositions date incontestablement de ce temps à Helsingør, à savoir, la cantate Aperite mihi portas justitiae (BuxWV 7 *).

* La numérotation des oeuvres de Buxtehude suit l’index de Georg Karstädt (cf ci-dessous) et n’est pas chronologique.

1667

Franz Tunder, organiste de l’église Ste-Marie à Lübeck, meurt de la «fièvre ardente» au mois de novembre. Dieterich Buxtehude soumet sa candidature pour ce poste et donne en décembre au magistrat de la ville une preuve de son art. Il ya deux autres candidats mais c’est lui qui est titularisé.

Marienkirche Lübeck

Lübeck: L’église Ste-Marie (construite entre 1250 et 1350), avant 1928.
Photographie: Albert Renger-Patzsch. Photo-Archiv Marburg: www.bildindex.de www.bildindex.de

1668

Le 11 avril, Dieterich Buxtehude entre officiellement en fonction comme organiste à l’église Ste-Marie de Lübeck, donc pour la troisième fois dans une église dédicacée à la Sainte Vierge. Le grand orgue est un particulièrement bel instrument; il a avec trois claviers manuels plus un clavier à pédales un total de 54 registres sonores.

DB jouit d’un salaire double de celui à Helsingør.

Le grand orgue du côté ouest de l’église Ste-Marie de Lübeck, construit entre 1516 et 1518, avec extensions et additions datant du 16ème au 19ème siècle qui n’affectent que la génération du son et non pas l’ aspect extérieur. État d’avant 1932; détruit dans un bombardement aérien en 1942.
Photographie: Hildegard Heise. Photo-Archiv Marburg: www.bildindex.de

Peu après son investiture, Dieterich prête serment comme citoyen de la libre ville impériale de Lübeck et il est ainsi obligé de joindre la milice. La ville est membre de la société hanséatique, une association commerciale de villes qui est devenue une puissance internationale. Pourtant, avec le déclin progressif de la Hanse, causé en majeure partie par l’état de guerre continuel dans l’Europe du Nord, Lübeck perd de l’importance. La ville est entourée de territoires danois et suédois et les citoyens doivent alors toujours être vigilants et payer des taxes élevées pour maintenir les fortifications dans un bon état. Un visiteur de la ville écrit que les bourgeois sont ultra conservateurs, présomptueux et xénophobes.

Le 3 août, Dieterich se marie avec Anna Margaretha Tunder, la fille de son prédécesseur Franz Tunder; elle a deux ans de plus que le marié. Il n’y a aucune preuve que le mariage ait été une condition pour obtenir l’emploi à Ste-Marie; pourtant, ce genre de clause n’était pas inhabituel. En tout cas, les autorités de l’église obligent DB de payer approximativement un tiers de son salaire comme pension alimentaire à la belle-mère et ses deux filles célibataires.

Cette année est aussi celle de la naissance du compositeur français François Couperin.

1669

Le premier enfant de Anna et Dieterich est né, une fille qui est baptisée Magdalena Elisabeth.

Les familles Buxtehude et Tunder s’entendent bien. Généralement, Dieterich est considéré un homme sociable; il a également un bon rapport avec les musiciens de la ville. Il réussit à trouver de l’argent pour la performance de pièces de musique majeures. Donnant suite à sa proposition, l’église fait ériger deux galeries dans la nef principale de l’église afin de créer plus d’espace pour des musiciens et chanteurs supplémentaires.

1670

À part sa fonction d’organiste, Dieterich Buxtehude est responsable de la maintenance technique de l’orgue et de toute administration concernant la musique dans l’église; à cet effet, il porte officiellement le titre de Werkmeister. Puisqu’il est prudent et économe dans ces responsabilités, les autorités de l’église lui donnent largement carte blanche avec les dépenses pour instruments, partitions et les honoraires pour chanteurs et musiciens de l’extérieur engagés de temps en temps. Jusqu’à trois douzaines de musiciens externes sont ajoutés aux sept de la ville pour la représentation de grandes oeuvres musicales.

Le canon Divertissons-nous aujourd’hui, beuvons, beuvons, beuvons (BuxWV 124) compte comme première composition profane de Dieterich, elle se trouve inscrite dans le livret de famille d’un citoyen de prestige.

1671

À mesure que la réputation de Dieterich Buxtehude prend de l’ampleur, ses compositions sont plus connues et sont plus souvent copiées (sont donc parvenues à nos jours), comme e.g. la célèbre cantate Mit Fried und Freud ich fahr’ dahin (BuxWV 76). La tâche quasi impossible de constituer une chronologie de ses oeuvres peut ainsi être abordée très délicatement, et les oeuvres les plus importantes et connues seront citées dans la présente.

La deuxième fille est née, Margaretha.

1672

Buxtehude écrit l’aria Auf, stimmet die Saiten, Gott Phoebus tritt ein (BuxWV 116) pour les noces du maire de Lübeck.

Anna Sophia est née, la troisième fille de Anna Margaretha et Dieterich.

1673

Pour la première fois depuis son entrée en fonction, Buxtehude renouvelle la tradition des Abendmusiken (littéralement, musiques de soirée), une série de concerts hors de la liturgie donnés les cinq dimanches avant Noël. Franz Tunder avait introduit ces présentations déjà avant 1646, dans un format un peu différent; la continuation est une grand réussite. Il s’agit (selon ce qu’on sait aujourd’hui) de programmes variés d’envergure pour lesquels les dépenses sont en grande partie couvertes par les guildes de métier et les sociétés commerciales. Lübeck s’illustre par son virtuose de l’orgue et ces musiques de soirée.

1674

Johannes Buxtehude, le père de Dieterich, meurt à l’âge de 72 ans; sa tombe se trouve dans l’église Ste-Marie. À cette sombre occasion, on joue la cantate Fried- und freudenreiche Hinfahrt des alten grossgläubigen Simeons (BuxWV 76) que Dieterich avait composé trois ans auparavant.

DB dédicace le Canon duplex per augmentationem (BuxWV 123) pour quatre voix au jeune organiste Johann Valentin Meder.

1675

La quatrième fille est née et on lui donne le nom de sa mère.

1676

Deux importantes oeuvres datent de ce temps, d’abord la cantate Jesus dulcis memoria (BuxWV 57), écrite dans le style italien et commentée en détail par le biographe André Pirro, et puis l’oratorio Die Hochzeit des Lamms (BuxWV 128), écrit spécifiquement comme Abendmusik. Cette oeuvre opulente jouit d’un grand succès mais Dieterich doit demander à l’église de couvrir le déficit encouru par la coûteuse mise en scène. Malheureusement, seul le libretto est encore disponible, possiblement rédigé par le compositeur lui-même.

1677

La cantate Trostlied M. Mauritii Rachelii: Jesu, meiner Freuden Meister (BuxWV 61) est particulièrement touchant. Elle console le pasteur d’une petite ville près de Rostock qui pleure le décès de son épouse.

1678

Les Buxtehude baptisent leur cinquième fille du nom Anna Sophia; leur fille née en 1672 et portant le même nom était décédée.

1680

Sept cantates sont créées dont chacune a comme thème une partie du corps de Jésus-Christ sur la croix. L’oeuvre complète, Membra Jesu nostri (BuxWV 75), est dédiée au chef d’orchestre de la cour du roi de Suède, Gustav Düben. On lui doit la préservation d’une bonne partie des oeuvres de Buxtehude.

Dieterich Buxtehude écrit l’aria Klinget für Freuden, ihr lärmen Klarinen (BuxWV 119) pour les noces du roi de Suède, probablement suivant une suggestion de M. Düben, et il lui envoie la pièce pour présentation à Stockholm.

1681

Trois cantates de Buxtehude datant de cette année sont préservées dans la collection de Gustav Düben, écrites en tablature*: Sicut Moses exaltavit serpentem (BuxWV 97), O dulcis Jesu, o amor cordis mei (BuxWV 83) et Gen Himmel zu dem Vater mein (BuxWV 32), entre autres oeuvres, e.g. la longue aria des noces Schlagt, Künstler, die Pauken und Saiten (BuxWV 122). On ne devrait pas nécessairement inférer de ceci que Dieterich Buxtehude vit une période particulièrement productive mais plutôt que sa musique trouve de plus en plus la faveur du public et le respect de ses confrères; ses oeuvres sont donc plus souvent copiées, imprimées et en conséquence préservées .

* La tablature est une sorte de notation musicale dans laquelle les notes ne sont pas écrites sur cinq lignes (comme dans les partitions habituelles) mais sont exprimées en chiffres et en lettres pour un instrument particulier.

1683

La collection Düben à Uppsala/Suède contient toute une série d’oeuvres de Buxtehude, dont la plupart sont des compositions religieuses, copiées cette année même et donc probablement créées peu avant, comme les cantates BuxWV 11, 48, 49, et la motette BuxWV 113 pour six chorales.

1685

Ceci est l’année de naissance de Johann Sebastian Bach (né à Eisenach/Allemagne) et de Georg Friedrich Händel (né à Halle/Allemagne).

DB dédie son Canon quadruplex a 5 (BuxWV 124a) à son célèbre collègue Johann Adam Reincken de Hamburg comme «prix d’honneur immortel».

1687

Buxtehude adresse une lettre de remerciement incluant une demande d’argent à ses donateurs, les guildes et les corporations de commerce, dans laquelle il déplore que la collecte d’argent ne rapporte plus les montant suffisants pour les musiques de soirée. Les livres de compte de l’église qui relèvent de sa responsabilitè (et dont des extraits sont donnés dans la biographie de Snyder, v. ci-dessous) montrent que la maintenance et les réparations de l’orgue coûtent aux paroissiens chaque année une bonne somme d’argent. Le seul voyage documenté de DB pendant ce temps à Lübeck le mène à Hamburg où il parle avec le facteur d’orgues Arp Schnitker de l’état lamentable de l’orgue dans l’église Ste-Marie; il joue aussi avec plaisir l’orgue récemment renové dans l’église St-Nicolas. La demande de remboursement des dépenses de voyage ainsi que du séjour de quatre jours à Hamburg existe toujours.

Pendant ces années, Dieterich Buxtehude ainsi que son confrère Adam Reincken à Hamburg recoivent beaucoup de visiteurs, non seulement des étudiants mais aussi des musiciens d’expérience, attestant à l’art en composition et en improvisation des deux maîtres nord-allemands. Il était habituel depuis approximativement 1550 de traiter un thème musical de façon libre dans la liturgie catholique ainsi que protestante, au moins durant la partie de la messe appelée la consécration.

1688

Der verlorene Sohn (= l’enfant prodigue; BuxWV 131), une partie d’une musique de soirée présentée en première durant l’Avent, est malheureusement perdue comme la majorité de ses oeuvres écrites pour ces occasions. On suppose que la cantate O clemens, o mitis, o coelestis Pater (BuxWV 82) fait également part de cette musique.

De toutes les compositions de Dieterich Buxtehude, seulement quelque-unes peuvent être datées incontestablement; pour cette raison, l’opinion de André Pirro, premier biographe de DB (cf. ci-dessous), à savoir, que la productivité du compositeur avait commencé à décliner à partir de ce temps est difficile à justifier.

1689

On déplore la mort de Gustav Düben vers la fin de l’année, du Konzertmeiste et compositeur officiel à la cour suédoise. Il était un fidèle ami de Dieterich et collectionneur de ses oeuvres.

1694

Publication de sept sonates pour violon, viola da gamba et cembalo (première partie, BuxWV 252-258), chez Nikolaus Spiering à Hamburg.

1695

Cantate Deh credete il vostro vanto (BuxWV 117) pour les noces d’un citoyen illustre de Lübeck.

1696

Édition de la deuxième partie des sonates pour violon, viola da gamba et cembalo (BuxWV 259-265).

1698

Aria Opachi boschetti (BuxWV 121) pour le jour du mariage du maire de Lübeck.

1699

Le maître-organiste et compositeur Johann Pachelbel de Nürnberg (= Nuremberg), *1623, dédicace son Hexachordum Apollinis, comprenant des variations sur six thèmes pour l’orgue, à Dieterich Buxtehude. Il espère pouvoir lui envoyer son fils comme apprenti.

1700

Un riche programe est prévu pour les musiques de soirée des quatre dimanches de l’Avent; les textes intégraux sont soumis au magistrat et au conseil de l’église déjà en janvier, pour approbation et requête de financement. Malheureusement, ni les textes ni la musique (BWV 133) ont survécus.

1701

Le procès-verbal du conseil de Ste-Marie fait mention que le Werkmeister Buxtehude avait logé une plainte concernant l’état du grand orgue qui « ... n’aurait pas été réparé en 50 ou 60 ans et plus, serait plein de poussière et aurait beaucoup d’autre défauts ... », quoiqu’il avait lui-même donné dans ses compte-rendus, pendant des années, des rapports de réparations et dépenses.

1703

Johann Mattheson de Hamburg, 22 ans, et Georg Friedrich Händel de Halle, 18 ans, de bons amis et musiciens talentueux, arrivent à Lübeck suite à l’invitation du magistrat dans le but de se présenter comme candidats pour succéder à Dieterich Buxtehude qui a maintenant 66 ans. Pourtant, ni l’un ni l’autre des jeunes maîtres veut accepter la condition de se marier avec Magdalena Elisabeth, la fille de Dieterich née en 1669, pour obtenir le poste.

1705

Vers la fin du mois d’octobre, le jeune Johann Sebastian Bach arrive à Lübeck après une longue marche entièrement à pied à partir d’Arnstadt (en Thuringe/Allemagne, une distance de 450 km) afin de pouvoir écouter l’art de Dieterich Buxtehude et assister à ses musiques de soirée. Avec ses 20 ans, il a déjà la position d’organiste comparativement bien rémunérée dans la Neue Kirche d’Arnstadt et il est très content avec l’orgue construit par Johann Friedrich Wender. L’administration de l’église lui avait approuvé un congé de 4 semaines, mais Bach est sûrement conscient du fait que ce temps ne lui suffira pas pour faire le voyage. Il est aussi peu probable qu’il fera application pour succéder à Dieterich Buxtehude. En tous cas, il retourne à Arnstadt seulement le 7 février 1706 et doit, comme il faut, justifier la prolongation arbitraire et considérable de son absence. Toutefois, il jouit déjà d’un tellement grand respect comme musicien que l’excursion n’a pas de conséquence pour sa carrière.*

* Un chapître intéressant concernant le voyage de J.S. Bach à Lübeck ainsi que sur l’influence de la musique de Buxtehude sur la sienne se trouve dans la grande biographie de Bach écrite par Philipp Spitta (chez Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1873, 4ème édition de 1930, vol. I, pp 258 et suivants, en allemand).

[En 2005, les musicologues Michael Maul et Peter Wollny de Leipzig trouvaient dans l’archive de la bibliothèque de la ville de Weimar portant le nom de la duchesse Anna Amalia quelques fascicules contenant des chorals écrits en tablature, dont Nun freut euch, lieben Christen g’mein de Dieterich Buxtehude, sans doute copié par Johann Sebastian Bach à l’âge d’à peu près 13 ans.* Nous voyons que le jeune Bach connaissait et appréciait les oeuvres de DB déjà à l’époque où il restait chez son frère ainé dans le village d’Ohrdruf.

* Michael Maul, Peter Wollny, eds: Weimarer Orgeltabulatur. Bärenreiter-Verlag, Kassel: 2007; en allemand]

À l’occasion de la mort de l’empereur Leopold I, la ville impériale libre de Lübeck donne en concert l’oratorio Castrum doloris de Buxtehude (BuxWV 134) à grande dépense, à titre de musique de soirée dans l’église Ste-Marie. Un jour plus tard suit la cantate Templum honoris (BuxWV 135), possiblement adressée à l’Empereur Joseph I pour le féliciter lors de son ascension au trône. Encore, ni la musique ni les livrets de ces deux oeuvres ont été retrouvés.

La dernière composition de Dieterich Buxtehude semble être l’ariette O fröhliche Stunden, o herrlicher Tag (BuxWV 120), créée pour les noces d’un bourgmestre de Lübeck.

1706

AlmiraAlmira, le premier opéra de Georg Friedrich Händel est présenté à Hamburg en première.

La mort du célèbre organiste et compositeur Johann Pachelbel (*1653).

1707

Le 9 Mai, Dieterich Buxtehude meurt à l’âge de 70 ans. La cause de la mort n’est pas connue. Il repose dans l’église Ste-Marie de Lübeck.

De ses sept filles, seulement trois survivent au père; Anna et Dieterich n’ont pas de fils.

En juin, Johann Christian Schieferdecker est nommé successeur de DB; peu après, il se marie avec Anna Margaretha, la fille du défunt.

1722

Répondant à ses voeux testamentaires, Johann Reincken est enseveli dans l’église Ste-Marie, à côté de Dieterich Buxtehude, le «seul digne».

La vue de la ville de Lübeck au-dessus de la biographie a été dessinée en 1641 par Matthäus Merian (1593-1660). On voit l’église Ste-Marie avec ses deux tours sur la petite colline au centre-ville; elle avait été érigée entre 1250 et 1350. C’est ici que Dieterich Buxtehude tenait la position d’organiste à partir de 1668 jusqu’à son décès le 9 mai 1707.

Lübeck 1942

Lübeck: Ste-Marie, Mairie et vielle ville après la destruction par l'attaque aérienne du 29 mars 1942. Photographe inconnu. Bild-Archiv Marburg: www.bildindex.de

Littérature recommandée

 

Georg Karstädt: Thematisch-systematisches Verzeichnis der musikalischen Werke von Dietrich Buxtehude. Breitkopf & Härtel, Wiesbaden: 1985 (en allemand)

Hans Joachim Moser: Dietrich Buxtehude. Verlag Merseburger, Berlin: 1957 (en allemand)

André Pirro: Dietrich Buxtehude. Librairie Fischbacher, Paris: 1913. Nachdruck: Minkoff Reprint, Genève: 1976 (en français)

Kerala J. Snyder: Dieterich Buxtehude. Leben, Werk, Aufführungspraxis. Bärenreiter-Verlag, Kassel: 2007 (en allemand, traduction et nouvelle édition du livre anglais)

 
Haut-parleur

Cliquez ici pour écouter la Suite en la majeur, pour piano (BuxWV 243), avec les mouvements Allemande, Courante, Sarabande et Gigue.
Au piano: Wolf Seufert

J'apprécie beaucoup l'aide que m'ont donné les dames et messieurs de la Bibliothèque municipale de la ville de Lübeck/Allemagne au cours de ma recherche des oeuvres de Dieterich Buxtehude.