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1813 |
(Wilhelm) Richard Wagner naît le 22 mai 1813 à
Leipzig,
une ville d’aproximativement 36,000 habitants dans le royaume allemand de
Saxe; il est le dernier de neuf enfants de Johanna Rosine, née Pätz, et son
mari Karl Friedrich Wagner. La famille vit dans des circonstances modestes
malgré le fait que le père occupe la position d’actuaire de la police
municipale, selon la définition contemporaine un emploi administratif
d’échelon moyen. La mère et le père aiment jouer au théâtre. Les villes marquées en couleur et numérotées se trouvent sur la carte de l’Europe contemporaine telles qu’elles sont écrites dans ce texte. Leipzig est une ville commerciale très active dotée d’une université florissante. Elle jouit d’être considérée un des centres de culture allemands des plus importants: on y trouve cinquante-six librairies ainsi que trois magasins de musique, dont la maison d’édition respectée de Breitkopf & Härtel. En novembre, le père est emporté, à l’âge de quarante-trois ans, lors d’une épidémie de typhus suivant les privations et rigueurs de la guerre de libération contre les Français qui vient se terminer avec la Bataille des Nations près de Leipzig, le 19 octobre, et la défaite de Napoléon. Giuseppe Verdi est né la même année à Roncole près de Parina/Italie. Ludwig van Beethoven a 43, Franz Liszt seulement 2 ans. |
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1814 |
En août, la mère se marie avec le bel acteur, auteur dramatique et portraitiste Ludwig Geyer. La famille déménage à Dresden (=Dresde) où le nouveau père de Richard a été engagé au Théâtre de la Court. | |
1817 |
Le beau-père jouit d’une réputation grandissante comme
auteur de pièces de théâtre ce qui améliore la situation financière de la
famille. Le compositeur Carl Maria von Weber, nouveau directeur de l’opéra,
devient un ami proche de la famille.
L’enseignement scolaire n’est pas encore obligatoire à l’époque, mais le petit Richard reçoit déjà des leçons de lecture et d’écriture, données d’abord par un fonctionnaire de la ville et plus tard dans une école-internat dirigée par un pasteur, à l’éxtérieur de Dresden. |
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1821 |
Le beau-père de RW meurt d’épuisement nerveux (la cause officielle de sa mort) en septembre. Il y a beaucoup d’insinuations, jusqu’à aujourd’hui, que lui aurait été le véritable père biologique de Richard, mais aucune d’elles n’est supportée par des preuves. | |
1822 |
Wagner est inscrit comme écolier à la Kreuzschule à Dresden, sous le nom de Richard Geyer, mais on l’admet seulement dans une classe plus basse que corresponderait à son âge. La mythologie le fascine, il est ému facilement par les contes romantiques et il est attiré par les légendes fantastiques. Il écrit de la poésie et aime jouer des chansons au piano - mais rien qui le démarque comme Wunderkind ou jeune génie. | |
1823 |
On peut souvent trouver Richard dans l’Opéra Royale de Dresden, qui est à cette époque un des plus renommés et grands théâtres en Allemagne, où il a l’entrée gratuite aux répétitions ainsi qu’aux performances parce que ses soeurs Rosalie et Klara sont toutes les deux des débutantes actrices et cantatrices. L’opéra romantique Der Freischütz de Carl Maria von Weber impressionne le jeune garçon, particulièrement aussi la personnalité polyvalente du compositeur qui est à la fois le chef d’orchestre, donc sa maîtrise de la musique et son autorité sur les acteurs et les musiciens. | |
1826 |
La soeur Rosalie est engagée comme cantatrice au théâtre de
Prague; son bon salaire incite la famille d’y déménager. Cependant,
Richard reste à Dresden, comme sous-locataire de la famille d’un docteur
Böhme; il va à l’école mais trouve le temps pour écrire un drame en
hexamètres (perdu) basé sur l’Odyssée de Homer.
Le bien-aimé compositeur Carl Maria von Weber rend l’âme à l’âge de quarante ans. |
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1827 |
Richard passe une semaine à Prague avec sa mère et ses soeurs. En décembre, il suit la famille à Leipzig lequel déménagement est occasionné, encore une fois, par la nouvelle position de Rosalie comme vedette du théâtre. C’est à ce moment qu’il choisit d’utiliser le nom de Wagner. | |
1828 |
L’école secondaire Nicolai-Gymnasium (cours classique) n’admet Richard qu’à la 5e année; il a donc au moins un an de plus que ses camarades de classe. Il rend visite à son oncle Adolf Wagner à plusieurs reprises, un homme riche et savant. Plus tard, il dira avoir reçu de sa part plus d’éducation qu’à l’école. Il n’est pas un bon pianiste mais s’intéresse de plus en plus à la musique et il s’efforce d’apprendre la théorie de la composition en étudiant des livres. | |
1829 |
Richard Wagner assiste à une performance de la célèbre
cantatrice Wilhelmine Schröder-Devrient, soprano coloratura, dans le
rôle de Fidelio de Beethoven; il est ému par cette oeuvre et décide de
devenir compositeur. Ses premiers efforts produisent, entre autres, une
Sonata pour piano en ré mineur (WWV 2*), un Quatuor pour cordes en ré majeur
(WWV 4) et une Sonata pour piano en fa mineur (WWV 5); toutes ces oeuvres
ont été perdues. * WWV = index systématique des oeuvres de Richard Wagner; s.v.p. voir Deathridge et al., Littérature recommandée. |
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1830 |
Richard Wagner part du Nicolai-Gymnasium sans finir
ses études, anticipant l’expulsion à cause de ses mauvaises notes. Il
réussit à s’inscrire dans la renommée Thomas-Schule mais n’améliore
pas ses mauvaises habitudes dans les sujets requis, s’absente des cours très
souvent sans autorisation et passe son temps en écrivant de la musique (e.g.
l’Ouverture de tambour en si bémol majeur (WWV 10, perdue) plus un
bon nombre d’autres compositions. Cette ouverture est sa première oeuvre qui
est présentée au public mais elle amène la risée de l’auditoire.
Il a dix-sept ans maintenant et gagne un peu d’argent comme correcteur d’épreuves d’une Histoire du Monde dont une nouvelle édition est publiée par la maison d’édition du fiancé de sa soeur Louise, Friedrich Brockhaus. Par ce travail, il acquiert une connaissance approfondie de l’histoire, en particulier, du Moyen Âge, et quelques personnages et évènements de cette époque apparaîtront dans ses oeuvres plus tard (e.g. dans l’opéra Rienzi). |
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1831 |
Il quitte l’école en février, encore une fois sans graduer et donc sans la qualification requise pour s’inscrire à l’université. Malgré ceci, il arrive à être accepté à l’école de musique de Leipzig. Theodor Weinlig, enseignant à la Thomas-Schule (titre: Cantor sans connotation religieuse mais voulant dire simplement «chanteur» ou professeur de musique) lui donne des cours de composition (contrepoint) et est content du progrès de son élève. RW est très productif; son Ouverture en ré mineur (WWV 20) est bien reçue lors de la première performance. | |
1832 |
Composition de la Symphonie en do (WWV 29) qui est présentée, en automne, par l’orchestre du Conservatoire de Prague. Son Ouverture (WWV 20), jouée par l’orchestre du Gewandhaus à Leipzig, est acclamée par le publique et les critiques. | |
1833 |
Wagner écrit le libretto ainsi qu’une bonne partie de la musique pour sa première opéra, Die Feen (WWV 32), un conte de fées romantique. Il est membre d’une fraternité d’étudiants et constamment endetté; sa soeur aînée Rosalie, maintenant une actrice reconnue, l’aide à plusieurs occasions. | |
1834 |
RW accepte la position mal payée de directeur de musique d’une troupe de théâtre à Lauchstädt près de la ville de Magdeburg . Il tombe amoureux de Wilhelmine (Minna) Planer, une actrice qui a quatre ans de plus que lui et est la mère d’une fille qu’elle présente toujours comme étant sa soeur. Il débute comme chef d’orchestre avec Don Giovanni de Mozart. | |
1836 |
La première présentation de son nouvel opéra Das Liebesverbot (WWV 38) est un désastre. De plus, sa troupe de théâtre fait faillite. Il s’enfuit de ses créanciers et voyage avec Minna et sa fille à Königsberg où il espère recevoir la nomination de directeur de musique. En novembre, Minna et Richard se marient, malgré le fait qu’il n’a ni emploi ni revenu. | |
1837 |
On lui offre la position de directeur de musique dans la
ville de Riga sur la mer Baltique. Ici, en Russie, il se pense en
sécurité, loin de ses créanciers. Sa femme l’abandonne pour un commerçant
quelconque mais revient vers la fin de l’année. Rosalie, sa soeur
bien-aimée, meurt en octobre.
Ses réussites professionnelles au début de son emploi à Riga se perdent rapidement puisqe les musiciens se plaignent des longues heures de répétition et de querelles. Il est loin d’être content des possibilités offertes à Riga, empile des dettes comme d’habitude, a des problèmes dans son mariage et se prépare pour aller à Paris qui est à ce temps la capitale mondiale de la musique. Il a de grands espoirs que son nouvel et grandiose opéra Rienzi puisse conquérir la ville. |
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1839 |
Au début du mois de juillet, Minna, sa fille et Richard
s’enfuient à travers la frontière entre la Russie et la Prusse, une
véritable aventure sans passeports et avec très peu d’argent, et ils
continuent le voyage vers London sur un petit voilier en état
de décrépitude. Le voyage dure presqu’un mois entier, Wagner écoute pour la
première fois la légende du Hollandais volant, et ils sont au moins une fois
en danger de faire naufrage devant la côte rocheuse de Norvège.
Ils ne restent à London que brièvement, continuent le voyage à destination de Paris et là, ils trouvent un appartement en banlieu.. |
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1840 |
Wagner attend beaucoup du fait qu’il connaît bien le fameux compositeur Giacomo Mayerbeer qui pourrait l’introduire aux cercles d’influence; ces espoirs ne se réalisent pas et il est réduit, encore, de devoir demander de l’argent à tous les gens qu’il rencontre. Il est désespéré et demande de l’argent, e.g., d’un ami dans une lettre qu’il prétend avoir écrit de la prison pour dettes impayées. Malgré ces problèmes financiers, il complète l’opéra Rienzi (WWV 49) en novembre. | |
1841 |
Suivant les recommandations de Wilhelmine Schröder-Devrient
et de Giacomo Mayerbeer, le Théâtre Royal de Saxe à
Dresden accepte
Rienzi, sous condition que Wagner atténue quelques passages apparemment
dirigés contre les autorités de l’église et de l’état.
Le Grand Opéra de Paris paye Wagner une avance de cinq-cent francs lorsqu’il présente le premier brouillon de son opéra Der fliegende Holländer (Le vaisseau fantôme) qu’il n’a pas encore complété (la valeur marchande de cette somme est aujourd’hui au délà de 2,200 ¤ ou de 3,000 US$). L’ouverture est la dernière partie de l’opéra qu’il termine, en novembre. |
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1842 |
Puisqu’il ne semble pas y avoir de chances ou possibilités à l’horizon, la famille retourne à Dresden en avril. Là, la première performance de Rienzi s’avère un grand succès malgré la durée de plus de six heures. Wagner ne reçoit qu’un honoraire modeste, juste assez pour survivre et payer les créanciers les plus aggresifs. | |
1843 |
La première performance publique de Der fliegende
Holländer (WWV 63) à Dresden en janvier n’apporte pas vraiment le
succès désiré. Wagner appelle cette oeuvre un opéra romantique; il écrira
plus tard qu’il avait tenté d’y exprimer ses idées d’un drame musical comme
étant un genre d’art dans lequel la poésie et la musique sont tellement
intimement reliées qu’elles sont inséparables. Ces idées mènent, vers 1850,
au concept du Gesamtkunstwerk, une oeuvre qui renferme l’expression
artistique dans toutes ses formes.
Un mois plus tard, en février, RW est nommé Kapellmeister (chef d’orchestre) à la Cour Royale de Dresden, avec un salaire de 1,500 Thaler annuellement. Pour fin de comparaison, le poète et auteur Johann Wolfgang Goethe gagne un salaire de 3,000 Thaler par année dans sa position de Ministre des finances à la Cour de Duc Carl August de Saxe-Weimar, le pays avoisinant. Enfin Wagner obtient un salaire régulier et fiable, mais ses créanciers de loin et de proche réclament leurs argents. Il peut se tirer de cette situation fâcheuse uniquement en empruntant de nouveau, cette fois la somme considérable de 1,000 Thaler de sa prima donna, Wilhelmine Schröder-Devrient, un montant qui représente un quart de ses revenus à elle. Mais il a du succès avec ses productions des opéras Euryanthe et Der Freischütz, tous les deux de Carl Maria von Weber. Sa façon extravagante de dépenser de l’argent devient claire en regardant les sommes qu’il emprunte et comment il les utilise: par exemple, 5,000 Thaler en août pour meubler leur nouvel appartement dans le style qu’il considère approprié pour sa position. Mais il travaille fort et complète le libretto pour l’opéra Tannhäuser. |
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1844 |
Rienzi et Der fliegende Holländer sont donnés
à Berlin,
Hambourg et
Dresden, quelques’unes de ces
performances sous son bâton. En dépit des voyages continuels, il progresse
bien dans la composition de la musique pour Tannhäuser. Il suggère et
organise le transfert de la dépouille mortelle de Carl Maria von Weber de
London, où il était décedé en 1826, à
Dresden.
L’interprétation que donne Richard Wagner à la Symphonie pastorale (op. 68) de Beethoven lui apporte une ovation. |
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1845 |
L’opéra romantique Tannhäuser (WWV 70) est complété.
Les grands traits des opéras Die Meistersinger von Nürnberg et de
Lohengrin sont écrits entre les mois d’avril et août.
Première de Tannhäuser à Dresden, en octobre; RW est chef d’orchestre. L’opéra n’est pas bien reçu. Le compositeur se rend compte des points faibles, comme il l’écrit dans son autobiographie, et il tentera de les corriger dans plusieurs versions subséquentes pendant le reste de sa vie. Wagner termine le texte pour Lohengrin en novembre. |
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1846 |
La performance de la Neuvième symphonie de Ludwig
von Beethoven (op. 125) emporte l’auditoire en extase.
Schröder-Devrient insiste que RW lui rembourse les 1,000 Thaler prêtés en 1843. Il obtient un prêt de 5,000 Thaler de la part du fonds de pension des musiciens; le versement mensuel lui coûte plus d’un quart de son salaire, avant même que les autres créanciers soient payés en partie. Il a maintenant 33 ans, est déjà un chef d’orchestre de renom ainsi qu’un compositeur prolifique jouissant de revenus réguliers. Ses problèmes d’argent chroniques sont probablement causés par son désire de recevoir une reconnaissance directement commensurable à l’estime qu’il a de lui-même. |
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1848 |
Richard Wagner prononce un discours imprudent au Club
patriotique de Dresden intitulée Considérant nos aspirations
republicaines, quelle est notre position envers la monarchie? Il exprime
sa sympathie avec les révolutionnaires de
Vienna et écrit un
poème célébrant leur initiative. Malheureusement, le poème est publié dans
un quotidien autrichien au moment auquel il y a des insurrections aussi à
Dresden. En conséquence, ses responsabilités au théâtre sont coupées,
mais ceci lui laisse plus de temps pour composer sa musique.
Il accomplit un travail incroyable au cours de cette année: – la partition de l’opéra Lohengrin (WWV 75) et le brouillon du texte pour une scène (Siegfrieds Tod) qu’il utilisera plus tard dans le cycle d’opéras Der Ring des Nibelungen; – des performances d’oeuvres de Beethoven, Gluck, Haydn, Mozart et Mendelssohn (qui mourait en 1847);Paris – rédaction d’une longue lettre bien réflechie au député de Saxe dans la nouvellement constituée Assemblée nationale à Francfort: il demande des réformes spécifiques politiques et territoriales. RW fait la connaissance de Michael Bakunin, un anarchiste russe recherché par la police de plusieurs pays parce qu’il préconise la guerre ouverte ainsi que des actes de terrorisme individuels contre toutes les institutions gouvernementales et réligieuses. |
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1849 |
Franz Liszt, compositeur et virtuose du piano, donne le
Tannhäuser en récital à Weimar.
Wagner est pris dans les agitations révolutionnaires à Dresden qui éclatent en combats entre l’armée et les insurgés dans les rues de la ville et mènent à la fuite du roi. Quand les troupes prussiennes assiègent la ville et la défaite des forces de l’insurrection est imminente, Minna et Richard s’enfuient à Chemnitz, une ville 60 km au sud-ouest. On émet un mandat d’arrêt contre lui, mais ses amis l’avertissent et ils continuent leur fuite, supportés financièrement par Franz Liszt. Il obtient un passeport expiré d’un ami qui lui permet de traverser, en mai, la frontière suisse sans problème. Minna n’est pas contente de devoir laisser leur vie relativement stable et le rejoint, avec sa fille, à Zurich seulement en septembre. RW écrit un nombre d’articles dans lesquels il révèle son penchant pour le communisme et ses idées concernant l’avenir des arts; cette activité le préoccupe et il ne compose pas de musique pendant toute cette année. |
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1850 |
Un voyage à Paris le deçoit parce que personne ne
semble s’intéresser à ses opéras.
Une Mme Ritter à Dresden entend parler de la vie difficile de Wagner exilé à Zurich et lui accorde un montant de 500, plus tard 800 Thaler par année sous condition qu’il donne à son fils Karl des cours de musique approfondis. RW publie, sous un pseudonyme, l’essai intitulé Les juifs dans la musique dans le magazine respecté Neue Zeitschrift für Musik; il contient des attaques vicieuses contre son ami d’autrefois Gustav Meyerbeer; il l’accuse de se plier au public désirant du divertissement superficiel. |
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1851 |
Travail sur le texte pour Der junge Siegfried,
brouillons pour les opéras Das Rheingold et Die Walküre du
cycle Der Ring des Nibelungen. Richard et Minna s’éloignent de plus en plus. Wagner souffre à nouveau d’un laid érysipèle au visage (une infection de la peau causée pàr des streptocoques) qui revient périodiquement depuis son enfance. |
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1852 |
Dans la première moitié de l’année, Wagner rédige le texte entier en vers pour l’opéra Die Walküre, dans la deuxième moitié celui pour Das Rheingold. Puisqu’il n’a toujours pas le droit de revenir aux états allemands, il répond aux lettres provenant des théâtres à Schwerin, Breslau, Prague, Wiesbaden et Berlin l’invitant de produire le Tannhäuser et Der fliegende Holländer en rédigeant des instructions détaillées concernant la production de ces opéras. Il gagne beaucoup d’argent maintenant comme artiste indépendant et il est très content quand on lui demande de présenter ses oeuvres sur la scène. Il passe la plupart de ses jours composant l’oeuvre majestueuse Der Ring des Nibelungen, une tetralogie d’opéras qu’aucun théâtre ne pourrait présenter à l’époque dans la forme somptueuse voulue par le compositeur, à cause des exigences extravagantes en personnel, espace et équipement. C’est de ce temps que datent des premières reflexions sérieuses concernant la construction d’un théâtre uniquement pour ses grands opéras. | |
1853 |
Les redevances pour Tannhäuser, Der fliegende
Holländer et Lohengrin augmentent peu à peu. L’homme d’affaires Otto
Wesendonck, propriétaire d’une très profitable maison d’importation de
textiles à New York, paye les dépenses de la famille Wagner. Sa femme
Mathilde, 23 ans, admire la musique de Wagner et est très émue quand elle
l’écoute.
RW donne à plusieurs reprises des concerts de piano dans un hôtel de Zurich, jouant des passages des opéras Tannhäuser, Rienzi, Lohengrin et Der fliegende Holländer. Ces performances sont de plus en plus fréquentées; ses oeuvres sont appelées des «miracles» par le public mais le compositeur Robert Schumann les condamne comme créations dissonantes et sans forme. RW rencontre Cosima, la fille de Franz Liszt, lors d’un voyage à Paris en octobre. |
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1854 |
Richard Wagner croit avoir trouvé l’âme soeur dans la
personne du philosophe Arthur Schopenhauer, mais son admiration n’est pas
mutuelle.
Son travail sur le cycle Der Ring des Nibelungen continue; conception de l’opéra Tristan und Isolde. Ses dettes d’une somme totale de plus de 2,500 Thaler sont toutes payées par son mécène Otto Wesendonck. Plusieurs tentatives pour obtenir la permission de retourner en Allemange échouent. Minna souffre d’une maladie du coeur. Das Rheingold (WWV 86A), le permier opéra d’un cycle de quatre, est terminé à la fin du mois de mai. |
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1855 |
De février à juillet, RW entreprend une tournée de concerts
à Paris et London; ses interprétations des oeuvres orchestrales de
Mozart, Beethoven, Mendelssohn et Weber lui amènent des ovations mais les
critiques sont moins généreux.
De retour à Zurich, Wagner subit une période prolongée de mauvaise santé et d’incertitudes nerveuses. Beaucoup de visites de la part d’amis ainsi que de brefs voyages empêchent tout travail productif. |
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1856 |
Le deuxième opéra du cycle Der Ring, à savoir Die Walküre (WWV 86B) est terminé. Une bonne partie de la conception pour la troisième partie, Siegfried, existe également, dont le travail le plus important, à savoir, la caractérisation musicale des principaux personnages par motifs. |
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1857 |
L’excellent pianiste et chef d’orchestre Hans von Bülow,
ami et admirateur de Wagner, se marie avec Cosima, la fille de Franz Liszt.
RW compose la musique pour cinq poèmes dont l’auteure est Mathilde Wesendonck et la lui dédicace; ces pièces sont maintenant connues comme Wesendonck-Lieder (WWV 91). Otto Wesendonck lui offre d’habiter une villa sur le terrain de la sienne. En août, il écrit les dernières notes de Tristan und Isolde (WWV 90). |
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1858 |
Wagner évite le conflit croissant entre sa femme Minna et Mathilde quelle dernière se présente comme sa muse; il part pour Paris et puis, en août, pour Venice (=Venise). Travail passionné à l’opéra Tristan und Isolde. | |
1859 |
Ouverture des hostilités dans la guerre de libération en
Italie. La province Venetia avec sa capitale Venice reste territoire
autrichien. RW est expulsé de Venice et rentre à Zurich. Otto
Wesendonck lui offre d’habiter une villa sur le même terrain de la sienne.
En août, il écrit les dernières notes de Tristan und Isolde (WWV 90).
Malgré le fait que Richard Wagner est constamment invité à donner des concerts, malgré le fait que même ses opéras les plus difficiles sont présentés partout, il vit bien au delà de ses moyens. En novembre, il voyage à Paris pour un séjour prolongé; il fait la connaissance d’un bon nombre de personnes illustres, parmi eux Hector Berlioz, Leo Tolstoi, Charles Beaudelaire et Giacchino Rossini, le puissant directeur du Théâtre Italien et Compositeur Royal. On lui donne finalement une amnistie partielle l’autorisant à rentrer dans tous les états allemands sauf la Saxe. |
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1861 |
L’année passée lui a valu des acclamations et l’a encouragé
dans son travail, mais elle n’a malheureusement pas amélioré ses finances.
RW élabore les premières esquisses pour un nouvel opéra, Die
Meistersinger von Nürnberg.
Voyages en Suisse, France, Allemagne et Autriche, toujours visant à faire produire ses opéras. Les deux performances de Tannhäuser à Paris sont interrompues par des sifflements et huées. |
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1862 |
L’ouverture de l’opéra Die Meistersinger est
présentée en première à Leipzig et elle est reçue chaleureusement.
Richard Wagner (qui a maintenant 49 ans) et sa femme Minna (53) se séparent en novembre, après 26 ans d’un mariage tumultueux. On lui confère l’amnistie totale incluant la Saxe. |
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1863 |
RW dirige une série de concerts à
Prague,
St-Petersburg, Moscou, Buda (=Budapest),
Carlsruhe,
Breslau et
Vienna (=Vienne) ; il reçoit partout des ovations du public.
Les sommes considérables recueillies sont dépensées pour la location d’une
villa à Vienne et de l’ameublement luxueux, malgré la menace d’une ruine
financière définitive.
Cosima von Bülow, 27 ans, l’épouse du pianiste et chef d’orchestre Hans von Bülow, et Richard Wagner se promettent de se dévouer l’un à l’autre. |
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1864 |
La situation de Richard Wagner s’améliore: il rencontre le
jeune roi de la Bavière, Ludwig II (né en 1845) qui paye immédiatement toute
la pile de dettes de RW et met une maison à Munich plus une villa dans
les alentours à sa disposition.
En automne, Ludwig II commissionne Wagner officiellement de compléter le cycle Der Ring des Nibelungen et il engage Gottfried Semper, un des amis de Wagner et architecte de la monumentale Staatsoper à Dresden pour faire les plans d’un grand théâtre à Munich suivant les idées de RW. |
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1865 |
Wagner a une position particulière de confiance et
d’influence parmi les personnages proche au roi (qui est appelé par le
peuple le ’roi fou’ ou ’le roi des contes de fées’) mais ce rôle est en
déclin. Le fait que le roi lui paye un salaire plus élevé que ceux payés à
ses ministres, le fait qu’il propose de construire un théâtre de dimensions
énormes exclusivement pour la performance des oeuvres de Wagner, ainsi
qu’une indignation générale dont la cause sont les sommes immenses que
coûtent déjà ses autres projets de construction (e.g. le château
Neuschwanstein), incitent des protestations publiques, des agitations
politiques et des intrigues à la cour qui culminent dans la demande que le
roi congédie Richard Wagner.
En avril, la fille Isolde de Cosima et Richard est née. La première performance de Tristan und Isolde (WWV 90) sous la direction de Hans von Bülow est un formidable succès, comme Wagner lui-même l’avoue, une recompense pour toutes les difficultés de la production, les nombreusdes répétitions, les excédents de budget et les délais des dernières minutes. À chacun des entractes, l’auditoire se lève et applaudit; RW est, pour une fois, considéré un grand compositeur même par les critiques. Malgré ceci, les hostilités et les intrigues à la cour ne cessent pas. Le secrétaire du roi lui apporte une note dans laquelle Ludwig II demande qu’il parte du pays pendant quelque temps. RW quitte la Bavière, rentre en Suisse le 10 décembre et s’établit à Geneva (=Genève). |
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1866 |
Wilhelmine (Minna) Wagner meurt le 25 janvier à
Dresden
d’une crise cardiaque. RW est notifié de son décès à Marseille, une ville dans laquelle il pense pouvoir vivre; il n’assiste pas aux
funérailles soit parce qu’il ne le trouve pas convenable d’y aller, soit
parce qu’il craint de ne pas pouvoir arriver en temps à Dresden.
Cosima et Richard trouvent une villa sur le Lac Lucerne en Suisse à Tribschen, approx. 50 km au Sud de Zurich; le roi paye le loyer. Ils habiteront cette maison pendant les six ans à venir. Le roi Ludwig leur rend visite malgré le fait que son pays, allié de l’Autriche, est en guerre avec la Prusse. La défaite de la Bavière en juillet n’aura pas de conséquences ni pour le pays ni pour le roi. La relation triangulaire entre Cosima, son mari Hans et Richard produit des frictions qui, pourtant, ne diminuent pas l’admiration déclarée de von Bülow pour Wagner. Le travail sur l’opéra Die Meistersinger von Nürnberg progresse bien. |
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1867 |
La deuxième fille de Cosima et Richard, Eva, est née en
février.
Ludwig II nomme Hans von Bülow au poste de Kapellmeister (i.e. chef d’orchestre) à Munich. Wagner et von Bülow collaborent à la production de Lohengrin (WWV 75). Le roi et RW se disputent concernant le choix des acteurs/chanteurs; Wagner est indigné et n’assiste pas à la première performance. L’opéra est un succès triomphal. Suivant le voeu du roi, l’opéra Tannhäuser (WWV 70) est présenté encore une fois et Wagner remonte dans l’estime du public. Les premiers d’une série d’articles intitulés «L’art allemand et la politique allemande» sont publiés dans le quotidien Die Süddeutsche Presse mais la continuation de la série est bientôt interdite parce que Wagner attaque le prédécesseur de Ludwig II, à savoir, son père Maximilian II de Bavière. L’opéra Die Meistersinger von Nürnberg (WWV 96) est complété le 24 octobre. |
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1868 |
Gottfried Semper démissionne de son poste comme architecte
du théâtre que le roi voulait faire construire à Munich.
Première performance de Die Meistersinger von Nürnberg (WWV 96) à Munich, sous la direction de Hans von Bülow; c’est un triomphe pour le compositeur. RW fait la connaissance de Friedrich Nietzsche, un jeune philosphe allemand qui s’enthousiasme pour la musique de Wagner. |
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1869 |
Un fils, Siegfried, est né à Cosima et Richard, leur
troisième enfant. Hans von Bülow consent de divorcer Cosima. Nietzsche, maintenant professeur de philologie classique à l’Université de Basle (=Basel), devient un ami proche et vient souvent à Tribschen. Cosima tient un journal qui deviendra la source principale de renseignements concernant les dernières années de Richard Wagner. Ludwig II insiste pour que Wagner mette Das Rheingold (WWV 86A) en scène à Munich. La production est reportée à plusieurs reprises, principalement parce qu’il y a des problèmes avec le choix des acteurs. Le roi se fâche parce que RW veut que cet opéra soit produit uniquement comme partie de la tetralogie Der Ring des Nibelungen, qui n’a pas encore été complétée; il nomme un monsieur Friedrich Wüllner comme chef d’orchestre, lequel choix ne plaît pas à Wagner. Pourtant, RW ne peut pas s’objecter parce qu’il avait auparavant vendu au roi les droits exclusifs pour le cycle; il n’assiste pas à la première performance le 22 septembre. |
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1870 |
Le public de
Berlin est indifférent à Die
Meistersinger von Nürnberg. Die Walküre (WWV 86B, la deuxième partie du cycle Der Ring) est présenté à Munich contre le gré de Wagner. Après une période de plus de dix ans, Wagner reprend de façon sérieuse son travail sur Siegfried et Die Götterdämmerung (la 3e et 4e partie du cycle Der Ring). Les deux premiers opéras du cycle, à savoir Das Rheingold et Die Walküre, sont présentés à Munich en alternance et ils sont très bien acceptés. Franz Liszt, le virtuose du violon Joseph Joachim ainsi que Johannes Brahms (que Wagner déteste) sont dans l’auditoire. À peu près un mois après que le divorce de Cosima (née Liszt) et Hans von Bülow soit devenu officiel, elle et Richard se marient dans une cérémonie protestante à Lucerne. |
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1871 |
Wagner écrit le Kaisermarsch (WWV 104), une pièce
pompeuse dédicacée à Wilhelm I, Roi de Prusse, qui vient d’être couronné
Kaiser, ou Empereur, de l’Allemagne à Versaille/France après la défaite
des Français dans la bataille de Sedan.
L’opéra Siegfried (WWV 86C) est complété le 5 février. RW croit avoir trouvé à Bayreuth, une petite ville en Bavière, l’endroit idéal pour la maison d’opéra qui devrait être construite uniquement pour ses oeuvres. Il propose de l’ériger comme Centre national de musique, naturellement sous sa direction, et il soumet l’idée à Ludwig II. Il cherche aussi du support financier pour la construction de la part du Kaiser à Berlin mais il récolte des sources privées seulement une fraction de la somme à laquelle il s’était attendu. Il annonce trop hâtivement que le premier Festival de Bayreuth sera inauguré en été 1873. Friedrich Nietzsche surprend les Wagner avec une de ses compositions et il est profondement blessé quand Hans von Bülow détruit ses ambitions musicales avec les critiques des plus sévères: « ...la plus extrême extravagance fantastique ... la pièce la moins satisfaisante et la moins musicale ... crampes de piano ... ». |
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1872 |
En janvier, le Conseil municipal de la ville de Bayreuth
accorde à Wagner la permission de construire un édifice de théâtre sur un
terrain que la ville avait acheté; il acquiert un terrain dans le voisinage
sur lequel il fera construire la villa Wahnfried.
La pierre de fondation pour le nouveau théâtre est posée en mai sous une pluie abondante. Ensuite, il y a une grande cérémonie dans le vieux théâtre, avec une performance de la 9e Symphonie de Beethoven. Des délégués d’un nombre de clubs de fans de Wagner assistent et considèrent de leur devoir patriotique de donner de l’argent pour la construction. Wagner est si encouragé par l’enthousiasme du public qu’il espère pouvoir construire l’opéra sans la contribution de Ludwig II. Cosima et Richard voyagent à travers l’Allemagne dans le but de d’obtenir de l’argent pour la construction et recruter des musiciens. Ils assistent à quelques de performances de ses opéras; RW écrit un résumé caustique de ces expériences après leur retour. Richard Wagner manifeste les premiers symptômes évidents d’une maladie du coeur. |
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1873 |
Le financement de la maison d’opéra devient de plus en plus
difficile, en partie parce qu’une crise financière touche presque tous les
pays européens. Wagner lance un appel à Bismarck auquel le chancellier de
l’empire allemand ne répond pas. Il pétitionne Ludwig II de lui donner un
crédit pour le festival, maintenant reporté en 1875.
RW continue à voyager en Allemagne donnant des concerts et récitals dans une tentative frénétique de trouver du support. En août, le toit de la maison d’opéra est bâti mais la dernière phase de la construction est sérieusement compromise. Le roi de Bavière avait toujours refusé d’avancer des fonds sous forme d’un crédit ou, de donner une garantie pour le montant manquant de 100,000 Thaler (i.e. un tiers du coût total). La vente d’une sorte d’actions sans dividendes appelées Patronats-Scheine est très lente, malgré le fait que Wagner lui-même les vend lors de ses concerts. Durant toute cette période remplie de problèmes, Wagner est reçu partout par des foules avec applaudissements; on donne de banquets en son honneur plus toutes sortes de cérémonies. Le nombre d’admirateurs sincères augmente, mais la vente d’actions est vraiment trop lente; seulement 200 d’entre elles ont été vendues jusqu’à ce jour, et de celles-ci, le Khedive d’Egypte seul en avait acheté pour un montant de 500 £. Le deuxième volume de l’autobiographie de Richard Wagner, Mein Leben, dictée à Cosima, est publié à Basle. |
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1874 |
Ludwig II approve enfin le crédit longtemps attendu de
100,000 Thaler.
Les Wagner déménagent dans leur nouvelle résidence, la Villa Wahnfried. Son hall d’entrée spacieux devient rapidement le local pour la présentation d’oeuvres en évolution, pour des performances musicales et théâtrales, pour des répétitions et pour des discussions vivaces dans un cercle d’amis et d’invités illustres. Le 21 novembre, Richard Wagner complète la partition de l’opéra Die Götterdämmerung (WWV 86D), la 4e et dernière partie de la tetralogie Der Ring des Nibelungen sur laquelle il a travaillé, avec des pauses, pendant 21 années. La grande ouverture du théâtre Festspielhaus est reportée à nouveau, à 1876. |
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1875 |
Richard Wagner passe pratiquement toute l’année en voyage à travers l’Allemagne et l’Autriche donnant des concerts. À Bayreuth débutent les répétitions pour Der Ring. | |
1876 |
Wagner écrit la Grand Festival March (WWV 110) pour
la célébration centenaire de la Déclaration de l’Indépendance des
États-Unis; il reçoit le très bon honoraire de $ 5,000.
Les quatre parties du Ring sont présentées le 13, 14, 16 et 17 août lors de l’inauguration du Festspielhaus, devant l’Empereur allemand, le Roi Ludwig II, l’Empereur Dom Pedro de Brésil ainsi qu’un nombre de personnes de nobilité héritée et de nobilité artistique comme Peter Tschaikowsky, Anton Bruckner, Franz Liszt et Camille Saint-Saëns. Les performances sont interrompues pendant presque toutes les scènes par des applaudissements en crescendo aux ovations. Chacune des performances devient un triomphe pour Richard Wagner. Le théâtre possède une fabuleuse acoustique. Les musiciens ne sont pas habitués à jouer dans une fosse d’orchestre, hors de la vue de l’auditoire, mais les spectateurs ayant l’oreille pour la musique sont d’accord que le son dans la simple salle n’est pas moins que merveilleux. La deuxième et troisième performances du cycle débutent, respectivement, les 20 et 27 août. Toutes les places sont vendues à chacune des performances. En dehors des critiques qui, comme d’habitude, n’ont presque rien de bon à dire à propos de l’oeuvre de Wagner, la seule personne qui ne semble pas parfaitement contente est Richard Wagner. Ce sentiment tourne au désespoir quand on lui dit que le festival a affiché le déficit énorme de 148,000 Mark. RW cherche à se consoler dans les bras de Judith Gauthier, une femme récemment divorcée; Cosima découvre l’idylle et y met fin. L’ombre de la crise financière plane pendant les trois mois d’un voyage en Italie. |
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1877 |
RW retourne travailler à l’esquisse de Parsifal, un
conte qu’il a dans sa tête depuis 1865, et il complète le libretto en avril.
Un imprésario de London promet les arrangements d’une série de vingt concerts sous la direction de Wagner dans le Royal Albert Hall; le revenu éliminerait toutes les dettes de RW mais le projet est bien trop optimiste. Huit concerts sont finalement donnés au cours du mois de mai, sur le programme sont des passages de Die Walküre et Der fliegende Holländer. Wagner gagne au total la somme de 700 £, ou approximativement un dixième du déficit de Bayreuth. Wagner croit que son art imprégné de patriotisme allemand et dédié à l’âme allemande n’est pas compris par le grand public, est ridiculisé par la presse et rejeté par les financiers. Il considère brièvement émigrer aux État-Unis. La poésie de Parsifal et ses premières esquisses musicales incitent Friedrich Nietzsche à des exultations. |
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1878 |
Wagner travaille sur l’orchestration de l’opéra Parsifal
qu’il considère son plus grand accomplissement.
Cosima négocie un contrat avec le gouvernement de Ludwig II, en mars, qui garantit de couvrir le déficit du festival en retour pour les droits exclusifs de présenter l’opéra Parsifal au Théâtre Royal à Munich, et sans paiement de redevances au compositeur. Pourtant, il est supposé recevoir dix pour cent des reçus des performances de ses autres opéras. RW publie un nombre d’essais sur l’art et la culture dans le quotidien Bayreuther Blätter dont l’éditeur est son ami Richard Pohl. Dans cette année notée pour la répression officielle du mouvement social démocrate, Wagner ne cache pas sa conviction que l’Allemagne sera sauvée par le socialisme. |
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1879 |
Pour Richard Wagner, l’année est dominée par son état de santé qui se dégrade. Il souffre d’un eczéma périodiquement récurrent, il se plaint de douleurs dans l’abdomen, de rheumatisme et, en général, d’une perte de forces. En dépit de son état frêle, la musique pour Parsifal est presque terminée. | |
1880 |
Richard et Cosima passent les premiers neuf mois de l’année
en voyageant à travers l’Italie. Le quatrième volume de son autobiographie
(jusqu’à 1864) est publié. En novembre, Wagner dirige le prélude de Parsifal à Munich, une performance privée pour le Roi Ludwig II. Il est irrité quand le roi lui demande de jouer aussi l’ouverture de Lohengrin. C’est la dernière fois que Wagner et le roi se voient. |
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1881 |
Quand quelques princes allemands deviennent mécènes pour le
festival de Bayreuth, Ludwig II se hâte de donner un exemple de sa bonne
grâce et de sa largesse et renonce aux droits exclusifs de Parsifal
pour son théâtre à Munich.
Wagner est occupé écrivant des articles sur la réligion et les arts, les droits de l’homme, l’héroïsme, etc. Le travail sur la dernière scène de Parsifal est interrompu à nouveau par des problèmes intestinaux et respiratoires. En novembre, Cosima, Daniel, Siegfried et Richard Wagner fuient le sale temps à Bayreuth et voyagent à Palermo en Sicile. |
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1882 |
Le 13 janvier, l’opéra Parsifal (WWV 111) est
complété à Palermo. La santé de Richard s’est améliorée un peu mais il
souffre toujours des symptômes d’une maladie cardiaque. La famille rentre en
Allemagne en mai.
Le Deuxième Festival de Bayreuth commence le 26 juillet avec la première de Parsifal. Eduard Hanslick de Vienna, le plus acerbe et caustique des critiques de Wagner, est enchanté par la musique. Les applaudissements à la fin durent quarante minutes. L’opéra est présenté encore quinze fois avant que le festival ne se termine le 29 août. Les Wagner déménagent à Venice en septembre. RW monte sur le podium pour la dernière fois en décembre et dirige sa Symphonie en do majeur (WWV 29). |
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1883 |
La famille loue un étage entier dans le Palazzo
Vendramin sur le Canale Grande à
Venice. Le mauvais temps de
l’hiver ne empêche pas la gaîté du carnaval dans les rues, et RW y prend
part.
Une massive attaque cardiaque l’emporte dans l’après-midi du 13 février, trois mois avant son 70ème anniversaire. Il est enterré dans le jardin de la Villa Wahnfried à Bayreuth. |
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Littérature recommandée |
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Hans-Joachim Bauer: Richard Wagner. Verlag Ullstein, Frankfurt/M: 1995 (en allemand) Udo Bermbach: Richard Wagner. Ellert & Richter Verlag, Hamburg: 2006 (en allemand) John Deathridge, Martin Geck, Egon Voss: Wagner-Werkverzeichnis. Schott, Mainz: 1985 (en allemand) Philippe Godefroid: Richard Wagner, l’opéra de la fin du monde. Gallimard, Paris: 1988 Martin Gregor-Dellin: Wagner-Chronik. Carl Hanser Verlag, München: 1972 (en allemand) Hans Mayer: Wagner. Rowohlt Taschenbuch Verlag, Hamburg: 1959 (en allemand) Stewart Spencer: Wagner Remembered. Faber & Faber, London: 2000 (en anglais) |